La Dernière Porte

Elle n’est pas grande Clémence, un mètre cinquante, un mètre cinquante-cinq tout au plus. C’est, comme on dit, un petit bout de femme. D’elle, on ne retient souvent qu’une silhouette bleue en tenue médicale. Un être de coton. Elle est bien là, pourtant. Il suffit de savoir la regarder. De box d’urgences en salles de naissance, dix histoires de femmes se nouent entre rire et larme, derrière les portes de l’hôpital Marthe Condat. Toutes croisent le chemin de Clémence, infirmière du service. Dans ces instants d’intimité intense, au plus vulnérable de chacune, il suffit parfois d’un mot, d’un regard ou d’un geste pour modifier sensiblement le cours du destin. Derrière les portes, dix histoires d’accouchement, chacune unique. Clémence est à la fois actrice et spectatrice, à la fois au centre des choses et à la périphérie, sur un fil ténu entre la présence à l’autre et l’oubli de soi. Mais une fois la chambre quittée et la porte refermée, que reste-t-il de ces rencontres ? Que reste-t-il de Clémence ?
 
La Dernière Porte, c’est aussi le seuil que doit franchir, pour s’extraire du corps maternel, l’être humain avant de voir le jour. C’est enfin une métaphore de la fonction même de Clémence, qui demeure souvent la dernière avec la patiente pour l’aider à porter ses douleurs, ses angoisses et ses doutes.