Le grain de beauté

Récit autobiographique poignant de la vie avec l’être aimé disparu, ce texte offre également une subtile réflexion sur le deuil et sur ce qui constitue un couple.

Mathieu et Benoît ont été l’un des premiers couples homosexuels à se marier après le vote de la loi de 2013. Lorsqu’un cancer est diagnostiqué à Benoît, après que le grain de beauté apparu sur son sexe à l’adolescence a commencé de s’étendre, leur vie bascule. Un long combat commence, les  traitements médicaux se succèdent, ménageant de longues périodes de rémission. Mais Benoît meurt en 2020, juste avant l’annulation pour cause de Covid du festival Fnac Live qu’il avait créé. Une fois l’incinération accomplie commence le « travail de deuil »  – une expression que l’auteur questionne tout au long du texte, car le deuil suit-il réellement un cycle immuable d’une personne à l’autre ? S’ensuivent de nombreuses visites au Père-Lachaise, où Mathieu noue des amitiés nouvelles avec les proches des disparus « voisins » de Benoît, jusqu’à découvrir des liens familiaux totalement inattendus avec les premiers « propriétaires » de la chapelle funéraire où se trouvent ses cendres. Son mari lui ayant expressément demandé d’écrire sur lui après sa mort, Mathieu Simonet livre un récit sans fard de leur relation (un couple uni par une admiration réciproque), sans jamais se donner le beau rôle ni omettre leur sexualité (sexualité dont on apprend qu’elle était absente de leur relation après leur mariage, et qu’elle permettra à Mathieu, après le décès de Benoît, de retrouver un ancrage vital dans son désir). En se plongeant dans le passé de Benoît, il prend aussi conscience qu’il ignorait de nombreux aspects de sa vie. Commence alors une véritable enquête : Mathieu convoque ses souvenirs mais également les écrits laissés par Benoît, reprend contact avec ses proches et d’anciens amis qu’il n’avait jamais rencontrés. Plus qu’un tombeau, Le grain de beauté interroge avec franchise une relation passée et offre un portrait poignant et animé de l’être disparu, soulignant à quel point ceux que l’on croit connaître le mieux conservent leur part de mystère.